Ewa:
29 octobre
Les émotions, entremêlées
tristesse : d’avoir à collecter ces dons et de les transporter à plus de 2 000 km ;
grande tristesse : à savoir qu’il y a ce camp, où les êtres humains sont entassés dans les tentes militaires, à dormir sur les palettes en bois, une seule couverture par personne ; à les voir trembler de froid, les pieds dans la boue ; à les voir demander à manger, à boire ; à sentir leur gène ; à les entendre chuchoter « où irons nous… »
à savoir qu’il existe d’autres camps comme celui-la, des camps entourés de barbelés ;
désespoir : de voir la peur dans les yeux des personnes arrivées la nuit ; de voir cette jeune femme assise devant la tente à 2h du matin, le regard figé dans les flaques d’eau sale ;
apaisement : d’avoir pu collecter ces dons grâce à la solidarité des centaines de personnes et de les avoir transportés si loin sans grande difficulté,
joie : à savoir qu’il existe ce camp, où les êtres humains sont à l’abri de la guerre et des exactions, même si ce camp n’est certainement pas un havre de paix ; d’écouter leur respiration régulière pendant le sommeil ; de voir que les plus vulnérables sont soignés, que des vêtements chauds sont distribués à tous, ainsi que de la nourriture ;
grande joie : d’entendre les enfants rirent quand on mesure la taille de leurs pieds et on les chatouille, quand ils essayent de rattraper les bulles d’eau et de savon, quand on leur glisse dans les mains les sucreries ; d’apprendre que la petite fille qui s’est perdue à l’arrivée du convoi a retrouvé sa maman ; de voir ce petit garçon s’approcher timidement d’un volontaire qui tient sous le bras un ballon de foot ; de découvrir un trésor dans un grand carton : des chaussures d’hommes grande taille ; de retrouver un grand sac avec chapeaux, écharpes, gants pour redistribuer aux enfants qui repartaient sur la route le soir ; d’offrir des pommes, du thé et des sourires et de recevoir des regards remplis de gratitude.
A 120 km d’Opatoc, cette fois à la frontière entre la Croatie et la Bosnie un nouveau camp à Slavonski Brod est en construction, plus grand, plus propre et sans les barbelés ( peut-être). Celui d’Opatoc doit fermer.